World skin

Maurice Benayoun, 1997 > 2000

Œuvre interactive 

Matériaux, techniques et procédés : cave / videoprojection, webcam, appareils photos et imprimante

Dimensions : selon lieu d’exposition

Sujet : safari photo au pays de la guerre

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Armés d'appareils photo, nous déambulons dans un espace tridimensionnel. Le paysage qui s'offre à nous est celui de la guerre. Immeubles détruits, hommes en armes, chars, canons, débris, corps blessés, mutilés. Cet assemblage de photographies et d'images d'actualités provenant de différents lieux de combat constitue un univers saturé de violence tranquille. L'espace sonore donne le ton d'un monde où la souffrance est la respiration. Peu d'effets. On sent bien que notre présence, en tant que visiteurs, pourrait troubler cet équilibre chaotique. C'est notre action pourtant qui réveillera la douleur. Nous photographions et la photographie est ici une arme à effacer.

Le pays de la guerre n'a pas de frontières. Comme autant de touristes nous le visitons camera au poing. Chacun peut cadrer, capturer un moment de ce monde à l'agonie. Ce qu'il prend n'est plus là pour personne. Chaque fragment photographié disparaît de la scène remplacé par sa silhouette blanche. Progressivement le monde s'efface au gré des prises de vues. Chaque image saisie est imprimée. Lorsqu'elle est sur le papier, elle n'est plus sur l'écran. Seule persiste sa trace fantomatique, dispersée selon le point de vue, qui vient occulter des fragments de photographies à venir. Notre progression dans cet univers trahit son caractère infini et les éléments chaotiques se régénèrent quand on les redécouvre, assemblés différemment dans une tragédie sans fin.

 

Musique par Jean-Baptiste Barrière
Crédits photos et vidéo : Maurice Benayoun